Rap et Hip-Hop bruxellois : de l’émergence à la consécration

Fresco Manneken Peace realized for the thirty years of Hip-Hop in Brussels (2017)
Fresque Manneken Peace réalisée à l’occasion des trente ans du Hip-Hop à Bruxelles (2017)

Le rap fait partie des genres musicaux parmi les plus écoutés de nos jours. C’est particulièrement le cas en Europe francophone où il suffit de se pencher sur les charts français pour en convenir. Cependant, il n’est qu’une émanation d’un genre plus large, le Hip-Hop. Loin de se cantonner à la musique, il a mis en œuvre quantité de nouvelles expériences artistiques. Le contexte sociologique de son émergence lui a conféré un bagage politique important, mais sa nature a fortement évolué au gré des époques.

C’est aussi le cas à Bruxelles où son histoire, si elle ne peut être dissociée du mouvement général, a sa chronologie qui lui est propre. Dans cet article, Futurgrooves se propose de relater les péripéties du Hip-Hop dans la Capitale, de son éclosion jusqu’à son succès actuel qui dépasse les frontières.

Le Hip-Hop, entre besoin d’expression et volonté artistique

Le Hip-Hop, c’est un genre qui jaillit du croisement entre le graffiti, la danse et la musique. Il est un lieu de convergence, regroupant une multitude d’individus issus d’un contexte social commun. En son sein se loge une dimension contestataire forte, maturée dans les milieux populaires et d’immigration. Ses premières trémulations résultèrent d’une envie irréfrénable d’expression, d’une volonté d’être entendu, d’avoir un accès à la Cité – entendre la Ville – qui les rejette. Outre l’intention de dépeindre une réalité et un vécu reniés ou négligés, il est l’expression d’une vraie révolte sociale, faisant de l’illégalité un de ses principaux constituants.

Le Hip-Hop, c’est, aussi, un genre qui fédère des individus animés par la recherche du plaisir artistique. Pratiquer son art, c’est se donner la capacité de pouvoir être un acteur culturel dans la société. Ainsi, s’ajoute à sa dimension politique une esthétique nouvelle dont les éléments visuels et les références s’enracinent dans la culture de masse. Des symboles et figures provenant de la télévision, des jeux vidéo, de la BD, des Pubs, etc, foisonnent dans ses œuvres, se voient transformés, réappropriés.

L’éclosion

Graffiti et tag

Il est difficile d’historiser les débuts du Hip-Hop, dépourvus de traces écrites. Il semblerait cependant que les premiers soubresauts se soient exprimés au travers du graffiti. Initialement porté par des ados, son caractère illégal lui conférait toute la substance de rébellion que cherchaient ses praticiens. Ainsi en voit-on les premières traces à Bruxelles en 1985, notamment dans les quartiers de Schaerbeek, des Marolles, mais aussi à Liège et à Charleroi.

À distinguer du graffiti, le tag est la signature de l’artiste. Il est le témoin de son style, de son geste, des formes et des tracés qu’il favorise. En somme, il est sa « patte ». Ainsi, les graffitis se prédisposèrent à devenir des œuvres signées, témoignages d’une intention artistique, si bien qu’ils devinrent de plus en plus sophistiqués, calligraphiés, arborant des contours et des formes particulières. Agrandis, accompagnés de personnages, le graffiti se présentera graduellement comme un art à part entière, cultivé par ses figures de renom. Dans la capitale, les Shake, Zone, Tras, Roel, font partie de collectifs – les Posses – tels que RAB, CNN, ROC, BH34. Le mouvement se met en branle.

Salam graffiti by UTK, found in 1992 in Josaphat park - Documentation center of the asbl Lézarts urbains

Danse et mixage

Conjointement au graffiti, la danse se développa au gré des nouvelles modes et des images sorties de la culture pop. Ainsi voit-on apparaitre le Poppin’, le Lockin’, le Voging, et aussi, bien sûr, le Break dance. Pour accompagner ces danses, des DJ fabriquèrent de nouvelles compositions musicales et, ce faisant, firent émerger des pratiques inédites. Des extraits de morceaux existants sont transformés, mixés. Le fameux scratching fit son apparition. Il consiste à agiter par à-coups un vinyle sous l’aiguille de lecture pour susciter un bruit de chuintement. Ce qui était à l’origine une fausse manœuvre devient un procédé artistique répandu.

Fresco representing a B-Boy (a "breaker") performing a Breakdance move

Le développement fulgurant des ordinateurs amena au perfectionnement des techniques de mixage. Le sample devint un procédé courant. Traduit en français par le terme échantillonnage, il consiste à prendre un échantillon de morceau – le sample – avant de lui attribuer une nouvelle utilisation musicale. Ce contournement n’est pas sans rappeler le principe de Hacking relaté dans le précédent article. Ces compositions musicales, confectionnées à Bruxelles de la main de DJ tels Daddy K, Kaze, Keso, Fourmi, Smimooz, servirent aussi à l’accompagnement d’une nouvelle manière de vocaliser des textes.

Le Rap

Le rap, porté par ces instru, consiste à scander des paroles cadencées par un rythme – le beat. Ces dernières, non mélodiques, déclament une langue teintée du parler de la rue. Un langage à la saveur provocante, coloré des dialectes et des créoles de quartiers aux populations d’origine immigrée, et embelli de la tchatche propre à la dextérité des joutes de trottoirs. Cette association de nouveautés fera indéniablement son succès.

Un courant était né, fusant de l’intersection entre trois disciplines. Fort de son pouvoir émancipateur, il offrait la possibilité de devenir quelqu’un. En découlera même une philosophie, théorisée notamment par la Zulu Nation, prônant les valeurs du multiculturalisme et de l’anti-délinquance. Le Hip-Hop devenait le lieu d’expression de la colère, l’exutoire des frustrations refoulées.

During the rap battles, two individuals faced each other in an improvised verbal joust - image from the movie 8 Mile (2002)

Chronologie bruxelloise

Eclosion et balbutiements

À Bruxelles, l’émergence daterait des années 80. C’est dans la capitale que la première fois en Belgique on assista au développement du Hip-Hop. La danse en composa les prémices, se manifestant au travers de « battles » officieusement organisées dans des lieux dont l’espace le permettait. Ainsi en voit-on devant la Basilique de Koekelberg, dans les galeries de la Reine, aux abords de la gare du Nord et dans les galeries Ravenstein.

La première explosion Hip-Hop s’observa en 1989. Un Molenbeekois, Benny B., réalise un carton marketing en vendant pas mois de 3 millions d’exemplaires de ses singles, remportant un disque d’or en Belgique et en France. Les titres Vous êtes fous !, Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?, Parce qu’on est jeune en sont les succès les plus saillants. Un nouvel engouement naitra dans le sillage du B-Boy s’affirmant par le biais de groupes tel que BRC, CNN199, Souterrain, 9 mm, et De Puta Madre tous originaires de Schaerbeek. Dans l’imaginaire collectif, la compilation Brussels Rap Convention V1 – Stop the Violence, sorti en 1990, fut le premier album de rap. Le mouvement Hip-hop s’étendit dans tout Bruxelles et, dans la foulée, à travers le territoire belge.

Cover of the Brussels Rap Convention V1 considered by many as the first rap album of Brussels

Les Maisons de jeunes furent les premiers lieux où s’exprimèrent ces artistes. Son caractère underground, inhérent à toute contre-culture, était teinté d’une volonté persistante d’arpenter le centre-ville, de « quitter le ghetto », et davantage encore, d’entreprendre la conquête des grandes salles et, à fortiori, du grand public. À cet égard, le Rap Side Stories en 92 et le Lezarts Hip Hop en 97 marquèrent l’histoire du rap bruxellois. Ils se déroulèrent respectivement au centre culturel Jacques Franck et aux Halles de Schaerbeek.

Dance of the Twins during the Rap Side Stories in 1992 - Photo taken by C.C. J. Franck - Documentation center of the asbl Lézarts urbains

Une vague de foisonnement créatif inonda la Capitale à cette époque.  La scène bruxelloise vit l’apparition de rappeurs aux textes sans ambiguïté, tournant autour de thématiques ancrées dans le réel des quartiers précarisés : la drogue, la misère sociale, la violence, le racisme. Initialement porté avec virulence et radicalité par des adolescents, le courant envisagea petit à petit de collaborer avec d’autres acteurs de la vie culturelle de Bruxelles. Un genre dérivé du rap, le slam, émergea, alors que le street art gagne en prestige et en maturité. Le terme générique et englobant de « culture urbaine » apparait pour désigner toutes les réalisations du Hip-Hop depuis son émergence. Néanmoins, les trois disciplines qui à l’origine participaient du même courant prennent petit à petit leurs distances.

Difficultés et renouveau

Les médias, condescendants et caricaturaux, ne permirent pas directement d’ouvrir le Hip-Hop au grand public. À l’époque, le milieu du disque était peu ouvert et les subsides plutôt rares. Cela expliqua en grande partie le retard de la Belgique par rapport à la France, ou des NTM et autre IAM remplissaient déjà les Zénith. Pourtant, le mouvement continua son bonhomme de chemin. En 1998, DJ HMD sort l’album les Gens d’armes dans la foulée d’une actualité sulfureuse alors que Rival propose son 50 Mc’s. Ils font partie des rares albums produits sous un major belge à l’époque.

The album Les Gens d'Armes follows the death of Semira Adamu, an asylum seeker killed by two police officers who were trying to deport her.

En 2000, une nouvelle génération émergea, sous l’impulsion d’un début de reconnaissance du mouvement Hip-Hop par les pouvoirs publiques. Des artistes comme Trésor, Same Same, Opak, Convok, James Deano, La Résistance et Pitcho commencent à se faire connaitre. Un nouveau rebond semble poindre aux alentours de 2004, ou des rappeurs, nourris majoritairement du rap français déjà existant – a contrario des premiers artistes Hip-Hop s’inspirant de la Funk, de l’électro et des débuts du rap américain – offrent des morceaux privilégiant la punchline, le story-telling et l’introspection. Un album emblématique Umojo du groupe Ultime Team constitue un des cœurs de cette effervescence.

L’engouement ne parvient cependant pas à franchir les barrières du local, alors qu’en France, le rap fait partie intégrante de l’industrie musicale et poursuit sa course effrénée.

Vers la consécration

Un tournant majeur réside probablement dans le passage des cassettes vidéo, jusqu’alors la principale courroie de diffusion, à Internet et au MP3. Le media Give me 5 fait son apparition, fondé par Deparone, et s’emploie à mettre en avant des artistes Hip-Hop d’horizons divers.

En 2008, le Fédération Wallonie-Bruxelles reconnait la légitimité du Hip Hop et envisage l’octroi de subsides. Cependant, il a toujours du mal à se répandre en France. Le rappeur Scylla constitue peut-être une exception. Sa voix caverneuse fidélise un public dans l’Hexagone et fait naitre des connexions entre les scènes parisienne et bruxelloise. Par ailleurs, il ne cache pas son affiliation à Bruxelles, qu’il revendique même dans des morceaux comme Bx Vibes.

Scylla, originally from the group Opak, released her first solo album in 2013: Abysses

Le courant s’élargit et devient de plus en plus diffus. Des rappeurs émergent de quartiers populaires ou non. Entre autres, Roméo Elvis à Linkebeek, la Smala à Ixelles, l’Or du Commun à Boitsfort.  Ces artistes jouissent d’une réception plus favorable des médias et du grand public. Ceux issus des quartiers plus défavorisés peinent quant à eux à sortir de leur popularité initiale. Une scission partielle s’observe entre le rap et son contexte social d’origine, et la nécessité de dépeindre et de dénoncer une réalité se fait moins importante.

Au fil du temps, les producteurs, les agents artistiques, les diffuseurs gagnent en importance et en professionnalisation. L’incontournable agence de production Back in the Dayz s’implante dans le quartier De Brouckère. Un tournant inéluctable s’opère : le hip hop s’institutionnalise et le marché s’en empare. L’envol d’Internet et des réseaux sociaux font exploser les frontières. Ces processus débouchent sur l’année 2016, véritable consécration de la scène rap belge à l’international.

C’est l’année de sortie de Double Hélice de Caballero et JeanJass ainsi que de Morale de Roméo Elvis, albums qui lanceront leurs carrières. D’autres rappeurs/euses comme Hamza et Shay, commencent à se faire une place dans la scène parisienne. Mais c’est indéniablement le rappeur Damso qui aura le succès le plus tonitruant. Tout en revendiquant son appartenance à Bruxelles, il fédère un énorme public en France, à tel point qu’il rivalise avec les plus grands noms du rap français.

Damso at the Vieilles Charrues festival in 2018, making his Vie sign

De nombreux médias dans l’Hexagone diront de 2016 qu’elle est l’année du rap belge. L’Epicentre parisien voyait son hégémonie contestée par une nouvelle scène prolifique. De surcroit, le rap qui en sortait apportait un vent de fraicheur, avec sa légèreté et sa place donnée à l’autodérision.

Quel bilan ?

La Belle Hip-Hop, mural created by LaetiCNN, member of the CNN199 collective

Si le Hip-Hop est désormais bien installé à Bruxelles, il est loin de ce qu’il fut à l’origine. Le rap n’a aujourd’hui plus de liens évidents avec la danse et le graffiti. Bien ancrée dans la culture populaire, il est une musique dont il serait difficile de brosser un message sans tomber dans l’essentialisation. Un découplage s’est opéré avec son contexte social d’origine et ce faisant, il a largement perdu la charge politique qu’il pouvait avoir. Il faut cependant tempérer cette affirmation, et signaler que le Hip-Hop originel jouit toujours d’une grande vitalité. Sortir des canaux du mainstream permet d’en découvrir toute la tangibilité. Beaucoup d’anciens rappeurs sont toujours là, faisant vivre la scène underground, auxquels s’ajoute de nouveaux talents.

Le rap bruxellois, plus généralement le rap belge francophone – et aussi néerlandophone, Stikstof Zwaguere Guy, et bien d’autres, semble aujourd’hui suivre un mouvement multiple. Son caractère made in Belgium – qui continue de jouir d’un large public – et sa frange alternative – qui perdure, s’accompagne d’une réelle intégration dans le « Game » français, dont le centre névralgique demeure Paris. En réalité, à une époque où il est la musique la plus écoutée, le rap a brouillé ses frontières. Se déclinant en une multitude de sous-genres, frisant avec la pop, la chanson française, la house ou la rumba congolaise, il est difficile d’en dessiner des contours précis.

 À la manière du Punk rock, le Hip-Hop a marqué la société avant de s’y fondre. Cela semble être le destin de tout mouvement artistique, dont la popularité finit par aguicher une industrie mercantile y voyant un nouvel horizon de consommateurs. Perd-on pour autant l’essence du mouvement ? Il s’agit là d’un autre débat.

Écrit par Gauthier Guilmot

La scène Punk rock à Bruxelles : un long voyage à travers le temps

Cover of the first album of The Exploited, released in 1981

Qu’en est-il du Punk rock à Bruxelles ? Le Punk, c’est une arrivée fracassante dans l’histoire de la musique. Emergeant de la scène underground New-yorkaise, il submergea les Etats-Unis, traversa les mers, et trouva des adeptes aux quatre coins du globe. Les territoires conquis furent emplis par ses sonorités, ses éléments visuels, sa culture et sa philosophie.

La Belgique n’a pas été épargnée par la tempête, et quantité d’artistes y ont vu le jour. À Bruxelles, comme dans bien d’autres villes, subsistent des salles, bars, magasins de disques, où le cœur du mouvement continue de battre. Dans cet article, Futurgrooves vous propose de retracer le voyage tumultueux du Punk rock à travers le temps. Partant de ses origines, nous verrons ce qu’il a laissé dans son sillage, jusqu’à ses manifestations actuelles dans la capitale.

Le Punk rock, c’est quoi ?

L’émergence

Nous sommes dans les années 70. Alors que le rock bat son plein à travers le monde, un club, au 315 Bowery à Manhattan, fait vibrer la scène musicale New-yorkaise. En effet, dans l’arrière-fond du CBGB, des artistes aux noms désormais illustres s’y produisent de manière régulière. Ainsi peut-on y voir Patti Smith qui, ayant fait du club son QG, performe jusqu’à des heures tardives. Elle sera bientôt suivie par une multitude de groupes : the Ramones, the Cramps, the New York Dolls,… Tous pratiquent un rock aux accents particuliers. Ils sont les pionniers d’un mouvement inédit dont l’impact, pas seulement musical, s’étendra aux différentes sphères de la société. Le Punk Rock était né, et partant des salles sombres du CBGB et de Max’s Kansas City, s’apprêtait à entreprendre son long voyage à travers le monde et les époques.

The CBGB, mythical club of New-York, where we saw the emergence of the first manifestations of the Punk rock.

En 1976, Malcom McLaren, un producteur de disques britanniques, se fait l’intermédiaire de cette expérience New-yorkaise. Porte le Punk Il aprock au Royaume-Uni, et Londres devient rapidement l’épicentre du courant. Une effervescence nouvelle, qui voit l’apparition de groupes tels Sex Pistols, the Clash, the Damned. De manière fulgurante, le Punk amorce une conquête de l’Europe, et se repend jusqu’à atteindre les confins de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Afrique du Sud ou du Brésil.

Le Punk rock, c’est d’abord de la musique

À une époque où le marché s’est emparé de la scène musicale, le rock est devenu un genre « grand public ». L’institutionnalisation dont il est l’objet se manifeste de manière frappante dans les arena – ces concerts gigantesques – servant à déclamer des albums financés par les multinationales de la musique. Le Punk entend opposer à la virtuosité grandiloquente pratiquée par les groupes mainstream un rock pur, simplifié et tonitruant, dont les morceaux courts soutiennent des chants hurlés et véhéments. Le nombre d’instruments se veut lui aussi réduit. Une guitare électrique, une basse, une batterie et un chanteur suffisent à fulminer en cris des textes contestataires, à la teneur souvent politique, cherchant parfois à scandaliser

Le Punk rock, c’est aussi une philosophie

S’il découle de la musique, le mouvement Punk s’incarne dans une diversité d’arts et de sphères de la vie. Il est l’expression de l’anti-autorité, d’une opposition au mainstream, de la dénonciation d’une société marchande, mondialisée et standardisée, et, plus généralement, de la rébellion d’une jeunesse s’insurgeant contre l’injustice sociale et le statu quo. Le Punk prône ainsi le retour à l’authenticité, à la scène locale, et se déploie via de petites maisons de disques et une distribution indépendante. La promotion du mouvement se veut affranchie des mass médias, et se fait par le biais des Fanzines, ces magazines produits par des passionnés pour d’autres passionnés.

Le Punk, c’est aussi le DIYDo It Yourself – clamant qu’il n’est pas nécessaire d’être un performeur entrainé dans les meilleures académies pour manifester sa fibre artistique. Quiconque a la capacité de devenir un acteur culturel. Il suffit de le vouloir et de se lancer dans l’aventure avec fureur. Le Punk, c’est une invitation à passer du statut d’objet à celui de sujet de l’Histoire.

The slogan No Future was popular within the Punk movement. It is taken from the song God Save The Queen by the Sex Pistols

L’héritage

Le Punk n’eut pas qu’un impact considérable dans le monde de la musique. D’abord considéré comme une menace, il eut cette fonction de socialisation qui fut créatrice d’identités nouvelles. L’influence grandissante du mouvement s’accompagna d’une modification des structures de la vie quotidienne. On assista à l’apparition de nouveaux cadres interprétatifs qui furent autant de terreaux favorables à l’émergence de nouvelles valeurs, de nouveaux jugements et raisonnements, et qui se traduisirent par des pratiques individuelles et collectives inédites. Il y eut un virage dans l’histoire Occidentale : le Punk rock venait de redéfinir des codes, de redessiner les frontières des mœurs.

Comme la plupart des mouvements l’ayant précédé, l’engouement autour de la culture Punk connut un déclin. Il renaitra sous l’impulsion d’une seconde vague au détour de l’année 90. Le succès planétaire de Nirvana, groupe de grunge, vit une remise du rock sur le devant de la scène. Cela favorisa la mise en avant d’artistes de Punk rock, comme Green Day, Good Charlotte, the Offspring et Rancid.

It was Nirvana's album Nevermind that put rock back on the map
Green Day adopted many musical and visual elements of Punk. Here, Mike Dirnt.

Ces groupes émergeants vendirent plus d’albums qu’aucun autre artiste de Punk rock des années 70, alimentant un débat au sein du mouvement. Alors même que la philosophie Punk faisait la part belle à l’authenticité et au refus du mainstream, voilà qu’émergeaient des stars planétaires, arborant tous les symboles de cet univers. Un tiraillement interne préoccupa nombre d’artistes, oscillant entre la volonté de faire connaitre leur musique au plus grand nombre, et celle de demeurer à un niveau local. Le Punk tendait à faire partie intégrante de la culture.

The U.K. Subs, British punk rock band from London

Malgré ces évolutions et la croyance répandue selon laquelle le Punk rock aurait été corrompu par l’industrie mercantile, la scène underground n’a cessé de perdurer. U. K. Subs, groupe issu des premiers soubresauts britanniques, toujours actif aujourd’hui, en est un exemple éloquent. Dans la continuité des seventies, le Punk rock garde son influence sur la musique contestataire et semble pouvoir continuer sa course effrénée tant que subsiste une envie de rébellion. C’est ainsi que le résume Dick Lucas dans le documentaire Punk’s Not Dead :

« le fait que le punk rock perdure et perdurera est un témoignage de ce que le punk rock fait pour tous ses amateurs, il les bourdonne avec un dynamisme, une énergie, une colère ou de l’amour […] C’est ce dynamisme qui crée la réincarnation du punk rock encore et encore. »

Et la Belgique ?

Comme pour le reste de l’Europe, la déferlante Punk a largement inondé la Belgique. Ainsi voit-on apparaitre dès 1976 des regroupements du mouvement à Anvers, Liège, Namur et Bruxelles.

Le concert mythique de  Patti Smith dans un auditoire de l’ULB, constitue un point de départ grandiose. Par la suite, nombres d’individus commencent à danser sur the Ramones ou the Clash dans des clubs bruxellois tel le Canotier. S’y produisent un panel éclectique de groupes, allant du Belge comme Hubble Bubble, aux groupes Américains venant du CBGB. Puis la capitale voit dans cette salle de 200 personnes qu’amateurs et professionnels expriment leur amour du Punk rock devant des foules frénétiques avides de pogo.  

De cette agitation émergent des groupes made in Belgium comme Chainsaw et the Kids.

A Rockin'Club membership card

Le quartier du Canal eut également une grande importance dans le développement du rock alternatif. Il fut un lieu où, depuis les années 70, des artistes de renom y ont fait leur première scène. La désindustrialisation des usines et hangars jonchant les berges du canal donnèrent lieu à une multitude d’espaces exceptionnels à prix modiques. Cela attira une activité artistique underground en mal de financement.

La scène bruxelloise aujourd’hui?

Aerial view of the Willebroeck canal, a path of industrial development in the 19th century

Ainsi, c’est au bord des flots du Willebroek que se trouve aujourd’hui l’un des plus hauts lieux du Punk Rock à Bruxelles. Le Magasin4 fut créé en 1994, lorsqu’un groupe de Punk décida d’investir un entrepôt situé au 4, rue du Magasin. Sans financement extérieur, la salle de concert a été menacée à plusieurs reprises. Elle fut contrainte de se déplacer et se trouve actuellement avenue du Port, alors que sa surface a triplé. Soutenue par la ville de Bruxelles, elle met en avant des artistes punk, mais étend son répertoire à d’autres genres comme le psychédélic, l’ambient, l’industrial, … Comme on peut le voir sur sa page d’accueil, l’institution a survécut à la pandémie, et fête cette année ses 25 ans.

En réalité, la scène Punk belge continue d’être active. Parmi les groupes en vogue, on peut citer  Pink Room, Kookaburra, Baya Computer ou Nervous Shake. Si Magasin4 est le lieu le plus emblématique du Punk rock bruxellois actuel, on peut en entendre dans bien d’autres endroits. Ainsi aurait-on pu citer le VK Vaartkapoendans lequel se perpétue une programmation musicale alternative. De même qu’au Café Central,aux Halles Saint Gery, ou au Cobra Jaune,dans les Marolles, qui disposent chacun de leur scénette. Ou encore, à la Brasserie de la Source,à Tour et Taxi, ainsi qu’à celle de la Mule,au cœur de Schaerbeek.

pink room

En plus de cela, nombre de disquaires continuent de faire vivre le mouvement, comme le  72 records, rue du Midi. Et puis, comme pour le rock’n roll classique, c’est un style qui peut susciter l’intérêt de tout un chacun, qui viendra assister à un de ces concerts tantôt dans un festival, tantôt dans une grande salle bruxelloise.

Le caractère underground du Punk demeure cependant, et continue de s’exprimer dans des lieux divers, où des artistes inconnus font hurler leurs instruments lors d’événements ponctuels. L’itinérance est-elle le prix à payer pour conserver sa plus pure authenticité ? Le nomadisme plutôt que l’institutionnalisation. L’anonymat plutôt que la notoriété. C’est peut-être cela aussi, l’esprit Punk.

Aleksander Vinter : l’artiste le plus prolifique de la scène électro

Aleksander Vinter, alias Savant, est un artiste électro qui sort de l’ordinaire. Né à Oslo en Norvège, il est autiste Asperger. Surtout, c’est un des artistes les plus prolifiques que l’on puisse trouver. Depuis ses débuts en 2009, il a sorti trente-quatre albums, vingt EPs, deux-cent-six singles, dix-neuf mixtapes. Une discographie interminable et éclectique qui explore la grande majorité des genres de l’électro. Selon ses dires, il aurait composé plus de 11.000 morceaux depuis son adolescence.

Aleksander Vinter picture

Savant, le syndrome derrière le nom de scène

Aleksander Vinter souffre du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Il n’a jamais caché son handicap et en parle ouvertement en interview.

« Mon enfance était vraiment spéciale. Je suis autiste et je suis vraiment comme … un nuage. Pour moi, je ne suis pas un artiste, mais plutôt une caméra qui flotte dans l’air et qui passe son temps à observer tout et n’importe quoi.

Je ne me souciais pas des gens, moi j’avais juste envie de m’amuser avec mes jouets, de faire de la musique, de jouer du synthé, de m’enregistrer sur des cassettes et ça depuis l’âge de quatre ans. »

Il a également été diagnostiqué par des médecins comme ayant le syndrome du Savant. Il s’agit d’une affection rare pouvant toucher certaines personnes présentant des troubles autistiques, qui développent un domaine de compétence et d’excellence qui contraste avec les limitations dues à leur handicap. Aleksander Vinter a découvert qu’il était atteint étant petit, après avoir passé plusieurs semaines en observation à l’hôpital. Il a passé des tests, plusieurs scanners, pour laisser les médecins étudier son cerveau. Cette différence se matérialise, d’après ses mots, dans la manière dont il perçoit l’art. « Ce sont comme des formes qui prennent sens pour moi »

Il décrit la découverte de ce syndrome comme une révélation. Il décide d’accepter sa différence et de se jeter corps et âme dans ce qui le passionne, la musique. Il fait de sa différence une force et adopte le nom de son syndrome comme nom de scène : « Savant »

Un artiste à la discographie hétéroclite

Chanteur, joueur de guitare, piano et tant d’autres instruments, Aleksander Vinter est un musicien accompli. Il se dit influencé par toute une variété de genres, du jazz au blues en passant par les musiques de jeux-vidéo et la musique 8-bit. Cette variété d’influences se ressent très clairement lorsqu’on parcourt sa discographie.

Chaque album présente une thématique très marquée qui transporte sa musique dans un univers très précis. Slasher (2018) renvoie à l’âge d’or du cinéma d’horreur des années 70’, ZION (2014) fait la part belle à des influences orientales, Protos (2014) s’écoute comme un space-opéra à part entière. Cult (2013), aux mélodies grandiloquentes, fait penser à de la musique d’église – à la sauce Savant, et Alchemist (2012) est une petite perle mélangeant, de ses propres mots, la musique classique, le cirque et les chansons de pirates. Un cocktail intrigant qui reste pourtant l’un de ses albums les plus populaires encore aujourd’hui. On retrouve tout de même souvent à travers sa discographie les éléments qui font la patte Savant, à savoir des riffs de guitare et des envolées 8-bits qui s’entremêlent aux influences uniques de chaque album.

Aleksander Vinter album covers of Protos (2014), Cult (2013) and Alchemist (2012)
Pochettes d’album de Protos (2014), Cult (2013) and Alchemist (2012)

Loin d’être anonyme, Aleksander Vinter se présente souvent masqué lorsqu’il performe en live. Figurant souvent sur les pochettes de ses albums, en dessin, Savant est un personnage extravagant et haut en couleur. Il porte régulièrement un masque de Guy Fawkes, une référence au film V for Vendetta. 

Aleksander Vinter est un artiste unique en son genre. Sa discographie est aussi éclectique que démesurée. Chaque album est une invitation au voyage, dans un univers différent à chaque fois. C’est aussi un personnage extraordinaire, extravagant, un véritable passionné de musique qui a su faire de son handicap une véritable force.

credits: Léo Marchandon

CREVETTE RECORDS : LE FEEDBACK DU DISTRIBUTEUR, RECORDS SHOP & LABEL BRUXELLOIS

L’équipe de Futurgrooves met à l’honneur les collaborateurs et les artistes qui permettent au label The Void Project de grandir. Aujourd’hui, nous prenons des nouvelles de Pim et Jakob de chez Crevette Records, distributeur officiel de The Void Project en Belgique et à l’étranger. Focus sur le record shop de musique électronique bruxellois par excellence : Crevette Records.

Crevette Records : c’est qui ?

Crevette Records, c’est avant tout un duo détonnant qui a décidé de créer un lieu dédié à la musique électronique qui n’existait pas encore à Bruxelles. En effet, en 2016, Pim ne trouve pas son bonheur en terme musical dans la capitale. Il décide donc de se lancer dans l’aventure Crevette Records en proposant un record shop axé sur la musique électronique au sens large du terme. C’est un peu plus tard que Jakob se joint à lui pour développer la casquette de distributeur de Crevette Records. En seulement 5 ans, Crevette Records s’est imposé comme le lieu incontournable de la musique électronique underground de la capitale belge.

crevette records logo

Crevette Records : c’est quoi ?

Crevette Records est donc principalement un records shop de vinyles, mais pas seulement ! Le projet Crevette Records a en réalité de nombreux rôles au sein secteur musical : label, disquaire et distributeur. Véritable vitrine de la scène bruxelloise, Crevette Records est le lien entre les artistes de la capitale et les disquaires du monde entier. En fait, la force de Crevette Records c’est de créer du lien entre les professionnels et les particuliers, tant à l’échelle locale, qu’à l’échelle internationale. Le records shop offre un lieu de rencontre où les passionnés peuvent se rencontrer, partager et découvrir de la musique. « On appelle ça un « records shop », mais en réalité la partie « shop » n’est qu’une infime partie de Crevette Records. La fonction sociale est très importante », explique Pim. 

Crevette Records : c’est où ?

Si vous vous baladez dans le quartier emblématique des Marolles, il vous sera impossible de rater la vitrine verdoyante et la crevette rose du disquaire dessinée par Lea Nahon, artiste et tatoueuse. « On a choisi le quartier des Marolles parce que c’est un endroit que j’adore, puis quand j’ai visité ce shop, j’ai su que c’était le bon ! », explique Pim. « Et puis ce qui est bien dans les Marolles c’est que tout est ouvert le dimanche et fermé le lundi, ce qui est pas mal pour les DJ’s », ajoute Jakob.

crevette picture technics mk2
crevette picture shop
crevette picture front window shop

En poussant la porte du disquaire, l’équipe de Crevette vous accueillera (évidemment) en musique, dans un cadre intime, mêlant verdure et déco industrielle. Avec ses 4 stations d’écoute, le shop est véritablement bien pensé pour trouver et écouter vos futures tracks préférées. C’est d’ailleurs un artisan bien connu de la scène électronique bruxelloise qui s’est chargé de l’aménagement du shop : Clauset & Dekeyser.

Crevette Records : c’est pourquoi ? C’est pour qui ?

Crevette Records s’adresse à tout le monde avec des propositions de musique électronique pointues, mais aussi du disco, de la musique d’origine africaine, du jazz, de la soul et du Hip-Hop. Avec plus de 10 000 disques, Crevette Records s’adresse à une clientèle diversifiée avec un point commun : l’amour de la musique. « Notre clientèle est aussi diverse que nos propositions de disques », explique Pim. « En fait, le shop est axé sur la musique électronique au sens large du terme, nous ne proposons pas que de la dance music, nous proposons de la musique que l’on peut écouter à tout moment », ajoute Jakob. Crevette Records a débuté avec une clientèle de DJ’s, mais s’est finalement imposée comme un lieu de rencontre tant pour les collectionneurs que les non-initiés. « Nous voyons des enfants, des seniors, des DJ’s, des touristes… ça va de 5 à 75 ans ! », détaille Jakob. « Et c’est vraiment mieux que d’avoir qu’un seul type de profil qui vient. » ajoute Pim. 

Crevette Records soutient également la scène underground locale et internationale en proposant des disques tout juste sortis du pressing. Crevette Records est donc plus qu’un record shop de seconde-main en proposant des disques neufs tels que le VP003 de The Void Project, les derniers EP du label Hoot ou le dernier EP de Warning Records.

Crevette Records : des projets à venir ?

Depuis presque un an maintenant, Pim et Jakob planifient l’expansion de leur réseau de distribution et ont décidé de soutenir près de 10 labels locaux supplémentaires. Du nouveau est également prévu pour le webshop, mais ils n’en diront pas plus et nous laissent attendre la surprise « Nous avons travaillé sur beaucoup de choses, qui, nous l’espérons, verront bientôt le jour » conclut Pim.

Crevette Records : le feedback

The Void Project et Crevette Records sont intimement liés par une collaboration qui n’est pas prête de s’arrêter. Professionnalisme, confiance et passion commune, The Void Project a pu passer les frontières grâce au travail extraordinaire de Pim et Jakob. VP004 sera bientôt dans les bacs du records shop, et nous espérons, bientôt dispo dans le monde entier grâce au distributeur officiel de The Void Project : Crevette Records.

KOMPO : LE FEEDBACK DU PRODUCTEUR et COMPOSITEUR BRUXELLOIS

L’équipe de Futurgrooves met à l’honneur les collaborateurs et les artistes qui permettent au label The Void Project de grandir. Kompo, producteur et compositeur de musique électronique 100% bruxellois nous accueille pour une interview. Producteur de Transylvania Express et de Space Travel aux côtés de A.G pour le troisième EP de The Void Project, rencontre avec un artiste curieux et hors norme.

Kompo : un producteur surprenant

Producteur et compositeur bruxellois, Kompo propose un univers déconcertant et riche d’expériences musicales. C’est en prenant le temps de se perfectionner que Kompo est doucement entré dans le petit monde de la scène minimale bruxelloise. Plutôt entouré d’amateurs de musique rock et punk, c’est à petit pas que ce producteur et compositeur singulier est arrivé jusqu’au DJ booth du Zodiak. C’est en découvrant Para One que Kompo s’est intéressé pour la première fois à la production électronique « C’est vraiment le premier artiste qui a piqué ma curiosité, il m’a donné envie de produire de la musique, je me demandais vraiment comment il faisait ça ». Depuis ce jour, Kompo compose et produit à un rythme effréné. Véritable geek des machines et modulaires, c’est avec une curiosité insatiable qu’il explore toujours plus de sonorités pour produire des tracks minimales, expérimentales et inattendues

Kompo : la découverte de la scène minimale bruxelloise

Alors que Kompo produit depuis près de 10 ans, ce n’est qu’en 2018 qu’il nous délivre son tout premier EP « Monfidelfido » chez Black Wall Records. Cet EP composé de 3 titres mêle minimale, musique expérimentale planante et propose une ultime track aux sonorités inquiétantes en featuring avec Herton.

Ce projet est né grâce à ses premiers mixes dans le monde de la nuit bruxellois, notamment au Zodiak, « C’est en entrant de ce petit monde de la scène minimale électronique – que je pensais d’ailleurs être un grand monde – que j’ai pu rencontrer l’équipe de Black Wall Records » explique-t-il. Ce label bruxellois plutôt d’orientation techno souhaitait proposer quelque chose de différent, c’est tout naturellement qu’ils se sont tournés vers Kompo pour cet EP 100% minimal

Kompo : au fil des rencontres

Kompo est donc actif dans des projets underground bruxellois portés par des acteurs tels que le collectif Beatronic ou le nightclub Zodiak, « Je ne suis pas officiellement en collaboration avec le Zodiak, mais je me sens impliqué car c’est comme une grande famille. », précise-t-il.  Kompo est étonnant de curiosité : il est toujours avide de rencontres, « Même si une rencontre ne débouche pas forcément sur une collaboration, c’est toujours intéressant de découvrir comment les autres produisent de la musique, ça me permet de toujours en apprendre plus.» déclare-t-il.

Certaines rencontres débouchent parfois sur de véritables coups de cœur musicaux, comme avec A.G avec qui il a produit deux tracks pour The Void Project et avec qui il a sorti son dernier projet chez Dim Sum Records : Kepler 156. Ces deux artistes sont, en effet complémentaires tant dans leur manière d’aborder la musique que dans leurs sets up respectifs « Pendant quelques mois, A.G et moi avions quasi le même set up, les mêmes coups de cœur et c’était amusant de commencer un morceau dans mon studio et de pouvoir le terminer dans le sien. » explique-t-il

Kompo : un artiste curieux aux productions décomplexées

Kompo n’attend jamais pour toujours plus découvrir des univers sonores. Il a récemment acquis un modulaire qu’il maîtrise déjà malgré la complexité du fonctionnement de ces machines entre elles. Kompo nourrit constamment sa passion pour la musique et n’hésite pas à bousculer l’ordre établi de la minimale. Son titre Swarti en feat. avec Gaouta sous le label Fixed:Composite en est la preuve irréfutable en proposant une track qui mêle minimale et chant arabe. Pour la suite, il faut s’attendre à quelques notes de clarinette, instrument qu’il apprend à jouer

Kompo : le feedback

Alors, à quoi doit-on vraiment s’attendre avec un artiste tel que Kompo ? C’est une question à laquelle l’équipe de Futurgrooves ne peut pas répondre. Kompo est un explorateur du monde sonore, jamais rassasié, avide de nouvelles expériences musicales. Un seul mot de l’équipe : un artiste à suivre sans modération !

ELZO DURT : LE FEEDBACK DU GRAPHISTE BRUXELLOIS

L’équipe de Futurgrooves met à l’honneur les collaborateurs et les artistes qui permettent au label The Void Project de grandir. Rendez-vous avec un artiste bruxellois emblématique : Elzo Durt. Le graphiste illustrateur auteur des 3 dernières pochettes de The Void Project nous accueille dans son atelier pour une interview. Review du parcours d’Elzo Durt et de sa passion pour la musique.

Elzo Durt : le background

Artiste bruxellois emblématique de la scène undergound, Elzo Durt est passé maître dans l’art psyché & punk. Adepte du collage, il récupère des illustrations issues de l’Art Nouveau, de l’Art Déco, des gravures du 19ème, des new comics ou des illustrations pop des années 60 & 80 pour les sublimer en les assemblant au gré de ses envies et des commandes des clients.

Pour Elzo, tout commence à l’ERG (Institut de Recherche Graphique) où il obtient son diplôme de graphiste  en 2003. Il ouvrira ensuite sa propre galerie et maison d’édition Plin Tub’ au Recyclart. Plin Tub’ été la suite logique de son travail de fin d’étude pour l’ERG qui entremêlait les arts visuels, l’édition, la communication et la musique. Plin Tub’, c’était l’antre de la liberté et de l’art brut selon Elzo Durt.

En près de 20 ans de carrière, Elzo Durt produira tant pour des musiciens et des labels, que pour des médias, des collectifs ou des marques telles que Carhartt, Arbor Snowboards le Recyclart, Voxer, Born Bad Records, The Oh Sees, Magnetix, La Femme, Laurent Garnier, Le Monde, La Libre, etc. Il exposera ses œuvres en Europe, allant jusqu’au Etats-Unis

Passionné de musique, il est aussi DJ et co-fondateur des labels Teenage Menopause et Drink And Drive.

Elzo Durt est donc un artiste confirmé et incontournable, c’est toujours avec plus de créativité qu’il a fait de son art son métier : retour sur son travail et ses passions. 

Elzo Durt : moderniser le passé 

Elzo Durt se base sur des illustrations parce qu’il ne dessine pas. En pleine connaissance de ses sources, il travaille tous ses documents numériquement pour gagner en précision et en liberté au niveau des formats ce qui lui permet, par exemple, d’exposer en grand. En y regardant bien, on pourrait croire qu’Elzo Durt trace un trait entre le passé et le présent par son désir de moderniser l’ancien, « L’idée c’est de faire des images modernes à partir d’images anciennes.  J’aime bien récupérer des belles choses du passé et jouer sur la frontière de ce truc-là. » explique-t-il. 

Son univers très coloré et déroutant mêle des représentations joyeusement morbides et parfois trash tout en conservant l’efficacité de ses messages. Ses œuvres incarnent aujourd’hui une certaine forme de Surréalisme par la rencontre d’époques et d’univers distincts. « D’une part le Surréalisme m’influence et d’autre part, c’est un côté que j’ai envie de défendre, peut-être parce que je suis belge. », explique-t-il.

Elzo Durt : graphiste par amour pour la musique

C’est notamment par amour pour la musique qu’Elzo Durt s’est lancé dans le graphisme. Ce monde l’a toujours attiré et il voulait en faire partie. Amateur de punk et de rock, il ne fait pas dans la dentelle en termes de goûts musicaux ! 

Dès son plus jeune âge, il a été bercé par le rock grâce à son père « Le premier disque que j’ai acheté c’était London Calling des The Clash parce que mon père les écoutait », explique-t-il. C’est tout naturellement qu’il poursuit sur la route du rock’n’roll avec une première véritable claque musicale grâce à Nirvana, « C’est le tout premier groupe qui m’appartenait, j’avais 11 ans et c’était une grosse claque, et ça l’est toujours. C’est que c’est une bonne claque ! », confie-t-il.

Depuis, Elzo Durt a pu travailler avec ses groupes préférés tels que Magnetix, Frustration, The Oh Sees, Jack Of Hearth. « Travailler pour ses groupes préférés, c’est le Graal, c’est dingue ! Frustration je n’ai jamais fait la pochette de l’album et j’en rêve ! ». Dans ce petit monde underground, il explique que tout se joue au rapport humain et aux rencontres. C’est peut-être même ce qu’il préfère au fond.

Et puis, comment parler d’Elzo Durt et de la musique sans évoquer Born Bad Records, Teenage Menopause et Drink And Drive ?

Born Bad Records, c’est l’histoire d’une rencontre, d’une passion pour la musique et d’une amitié. Il a longtemps travaillé aux côtés de JB – Jean Baptiste Guillot-  en produisant de nombreuses pochettes de disques. Son univers psyché & punk correspondait parfaitement à l’identité explosive du label parisien. 

Ensuite naîtra Teenage Menopause, son premier label fondé avec son partner in crime : Froos. Chez Teenage Menopause on retrouve du post punk, du garage, du grunge, du cold wave et encore d’autres styles inclassables. « Teenage Menopause c’est un peu l’enfant de Born Bad qui nous influençait beaucoup et j’en suis hyper fier » confie-t-il. Teenage Menopause c’est un label avant-garde qui est finalement le résultat d’une belle amitié et de pas mal de fête ! 

C’est en 2020 qu’Elzo Durt fonde Drink And Drive avec son pote Valentino Sacchi, car il ne s’y retrouvait plus chez Teenage Menopause : « C’était impossible que ça s’arrête et j’avais envie de revenir à quelque chose de plus punk, brutal. Donc on s’est lancé avec Valentino, mais c’est beaucoup moins pro que Teenage Menopause » explique-t-il. Pour Elzo, Drink And Drive est un moyen de continuer de faire partie d’une scène et de s’amuser sans se prendre la tête « Nous on veut juste faire des disques, du bruit ! » explique-t-il. Alors, on doit s’attendre à quoi avec Drink And Drive ? A ce jour, une compil Lo-Fi punk de groupes belges est en cours de production.

Elzo Durt : le feedback 

Auteur des 3 dernières pochettes de The Void Project, Elzo Durt est un artiste incontournable, précis, à l’écoute qui s’est laissé tenté par l’aventure de travailler avec un label électro aux teintes house & minimales. Finalement la collaboration The Void – Elzo c’est un mélange de professionnalisme, d’humilité et de pochettes complètement trippy ! Si ça colle, pourquoi s’en priver ? 

Maison Records : le feedback du record shop bruxellois

L’équipe de Futurgrooves et The Void Project met à l’honneur les collaborateurs et les artistes qui permettent au label The Void Project de grandir. Aujourd’hui, nous avons pris des nouvelles de Pierre-Antoine et Thomas, les fondateurs de Maison Records. Dans une ambiance décontractée, lumineuse et pleine de dérision, les deux bruxellois d’adoption nous livrent leurs parcours et leurs futurs projets.

Maison Records : c’est qui ?

Il y a 5 mois, Pierre-Antoine (P-A) et Thomas ont décidé de briser l’ennui des confinements en créant Maison Records, un record shop de seconde-main axé sur la musique électronique et la House de tous horizons. Les deux Français originaires de Montpellier (Thomas) et de Lille (P-A), sont avant tout des barmans et des organisateurs de festivals débarqués dans la capitale belge il y a quelques années. C’est avec l’arrêt de leurs activités que les gars de La Petite Sœur se sont lancés dans l’aventure Maison Records.

Maison Records : c’est où ?

Ce duo accueillant et bourré d’humour a choisi d’établir sont QG de la musique électronique dans une verrière, sur la mezzanine de Supermarket, un commerce qui soutient les créateurs locaux. Supermarket et Maison Records, réunis en un même lieu, soutiennent les artistes belges chacun à leur façon, ils ne partagent d’ailleurs pas qu’un lieu : « Nos projets matchent car Supermarket ne travaille qu’avec des créateurs belges ou européens. Si c’est plus loin, il s’agira d’entreprises fairtrade. », nous confie P-A. « On s’inscrit aussi dans le durable dans le sens où on est un magasin de seconde-main, on fait revivre des collections qui dorment dont des personnes n’ont plus nécessairement l’utilité. », appuie Thomas. Maison Records est donc une aventure résultant d’un combo de passion et d’amitié ! Mais qu’est-ce qu’on y trouve, qui on y croise ?

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pictrure vinyls maison records
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Maison Records : c’est pourquoi, c’est pour qui ?

Sur votre route vers Maison Records, il ne sera pas rare de croiser des curieux passionnés de musique, mais vous croiserez surtout des DJ’s !  En effet, en montant sur la mezzanine, vous pénétrez dans l’antre des maxi 45 tours, format de disque initialement destiné aux DJ et à leurs mixes. Ça c’est au niveau de la forme ! Au niveau du contenu, Maison Records est une mine d’or de la musique électronique, avec une sensible préférence de Thomas et P-A pour la house music. « On est très garage, il y a pas mal de UK. Ici, vous ne trouverez que de la musique dansable, qui se mixe, elle est synonyme de fête. Après, c’est notre point de vue, ça reste très subjectif. L’idée, c’était vraiment de faire ce qui nous ressemblait », explique Thomas. Pour composer leurs collections, les deux mélomanes sont à l’écoute de la demande des passionnés : « Pour sélectionner les disques, on se base sur les requests, sur ce qu’on a déjà vendu et sur nos goûts. », explique P-A.

Au-delà du seconde-main, quelques pépites locales sont également à découvrir comme par exemple, les productions du label Hoot  ou The Void Project. Le duo est enclin à proposer du neuf et appelle à soutenir les artistes belges : « Dans un premier temps, une de nos rares conditions pour proposer du neuf est la proposition de productions de labels bruxellois. Ça ne fait pas longtemps que nous sommes basés à Bruxelles, si on peut promouvoir la scène belge, alors venez tous ! », expliquent-ils.

Lors de son ouverture, Maison Records rentrait 400 disques par semaine, mais depuis, les bacs sont remplis et la sélection devient plus pointilleuse quant aux entrées « On devient beaucoup plus sélectifs, on ne rentre que ce qui nous plait et ce qui est vendable », souligne P-A.

Maison Records : des projets à venir ?

Initialement le duo souhaitait se lancer dans la création d’un label et ensuite dans la création d’un disquaire, mais vu les circonstances sanitaires, ce projet était irréalisable dans cet ordre. Maintenant que Maison Records est créé, Thomas et P-A s’apprêtent à passer le cap de la création d’un label : Mezzanine Records. De plus, à partir d’avril 2021, Maison Records « déménage », ou plutôt s’expand avec un espace supplémentaire dédié à la musique électronique, toujours chez Supermarket.

Maison Records : le feedback

Maison Records et The Void Project se sont rencontrés au gré de leur passion et de leur envie commune de promouvoir la scène locale. L’équipe de Futurgrooves est donc ravie d’avoir pris des nouvelles de ce duo détonant qui allie qualité et humilité dans leurs propositions. Une mezzanine comparable à une mine d’or pour mélomanes, Maison Records devient doucement et sans aucun doute un disquaire incontournable de la scène électronique bruxelloise. Un seul mot de la part de l’équipe : stay tuned !

ALBUM DU MOIS : ACTS OF REBELLION par ELA MINUS

En octobre 2020, Ela Minus, percussionniste dont la marque de fabrique sont les productions analogiques, nous livre son album « Acts of Rebellion ». Cet album aux sonorités sensibles, dansantes et rebelles n’est pas passé inaperçu au sein de l’équipe de Futurgrooves. Review de l’album « Acts of Rebellion » pour ce premier article de la série « Album of the months ».

ella minus with her musical gear

Ela Minus : des percussions à l’analogique

Ela Minus, a livré son premier album « Acts of Rebellion » en octobre 2020. La jeune musicienne, compositrice et productrice d’origine colombienne est aujourd’hui basée à Brooklyn. Gabriela Jimeno alias Ela Minus a toujours été bercée par la musique. Elle débute en Colombie en tant que batteuse au sein de son groupe au sonorités hardcore punk révoltées : Ratón Perez. Elle quitte ensuite son pays natal pour se former aux percussions au prestigieux Berklee College of Music aux Etats-Unis. Les percussions maîtrisées, la musique électronique des night clubs de Boston attisera la curiosité d’Ela Minus qui entamera un Master en Electronic Production and Design. Ces années lui ont également permise de tomber amoureuse du Jazz et des synthétiseurs analogiques. Aujourd’hui, Ela Minus établit un lien d’une simplicité déconcertante entre le punk, le jazz, la pop et l’électro.

Ella Minus Vinyl Cover

Acts of Rebellion : rebelle et sensible

Son dernier album, « Acts of rebellion” est teinté de sonorités modernes et passées qui sont le reflet de la réalité de 2020 : une invitation à braver l’interdit en temps de pandémie. Entre beats entraînants dignes des meilleurs clubs et sons planants voire enlisants, Ela Minus fait l’apologie de la rébellion par les petits gestes du quotidien.

C’est avec « N19 5NF » que Gabriela nous invite à une balade entre tracks instrumentales et textes concis qui décrivent une réalité qui nous est commune. « They told us it was hard, but they were wrong » nous convie ensuite à repenser notre relation à l’interdiction. Planant, répétitif, apaisant, ce titre est la démonstration d’un état de léthargie qui n’a rien d’insurmontable.

Ela Minus offre ensuite une part d’elle-même avec une franchise déconcertante via le titre « el cielo no es de nadie ». Avec ce titre, retour à sa langue maternelle, les textes portés par un beat entraînant. Une voix douce, des respirations troublées, un texte sentimental et des basses franches, Ela Minus se livre sans détour. Après la mélancolie, vient la révolte avec « Megapunk », comme un éveil, une claque, ce titre nous ramène aux clubs, aux lumières et aux nuits sans fin

Comme un lendemain vaseux et brouillé, « dominique  » marque un second temps, celui de l’introspection, de la remise en question d’un monde que beaucoup ne comprennent plus. C’est en mêlant son espagnol natal et l’anglais qu’Ela Minus a trouvé le moyen de transmettre ses angoisses, sur un rythme pourtant entraînant, voire aventureux et joyeux.

Ella Minus performing live

L’introspection derrière nous, Gabriela aborde ensuite la question des relations interpersonnelles dans un chaos perceptible, électronique, froid et finalement rassurant avec le titre instrumental « let them have internet » ainsi qu’avec « Tony ». Ce second morceau arrive rapidement, nous réveille d’un ton insolant et frondeur ! Tout naturellement, la fin de l’album Acts of Rebellion est ponctué de sonorités rebelles et dissidentes, évoquant pourtant un monde du rêve, calme, apaisé et apaisant. C’est avec « Close », qu’Ela Minus, accompagnée de Helado Negro clôture son album. Un dernier titre déconcertant et quasi enfantin qui nous rappelle qu’aussi rebelle que l’on soit, nous avons tous besoin les uns des autres.

La question de la team Futurgrooves

« Acts of Rebellion », un album désorientant duquel l’équipe de Futurgrooves s’est entiché. Franc, empli d’émotions, personnel et inclusif, cet album est certainement emblématique d’une période unique et universelle. « Acts of rebellion » dépose pourtant une question dans son sillage : est-ce vraiment un acte de rébellion de s’autoproclamer rebelle ?

Le port du masque dans la musique électronique

A l’heure où nous avançons tous masqués, l’équipe de Futurgrooves a voulu se pencher sur la question du port du masque… dans la musique électronique. Le masque est à l’origine de la culture de l’anonymat au service de la musique. Du collectif Underground Resistance de Detroit à Daft Punk, pourquoi certains artistes de la musique électronique privilégient le port du masque ?  

70’s & 80’s : la naissance d’une culture

Faisons un bond dans le passé, à l’heure où l’exploitation de l’image des superstars du rock tels que Queen ou Kiss est à son apogée. Retour dans les 70’s et 80’s : époque où la frénésie du star-system frôle l’indécence, où la scénarisation exubérante est reine. Au loin, une musique aux rythmes froids, saccadés et répétitifs se fait entendre… c’est la musique électronique !

Ce nouveau genre musical émerge en réponse aux abus de la machinerie du star-système : c’est la naissance d’une nouvelle culture qui remet la musique au centre de l’attention. En opposition à la « super-scénarisation » des groupes de Rock’n Roll, la musique électronique replace l’artiste au même niveau que le public, les DJ’s et le dancefloor ne font plus qu’un : c’est le début d’une nouvelle ère de la performance musicale, dont le masque sera bientôt un symbole.

Fin des 80’s : le masque au service de la musique

En une décennie, la culture électronique se démarque car elle se focalise sur la musique, et non sur l’artiste. C’est le collectif et label Underground Resistance (UR), fondé à la fin des années 80, qui introduit la culture de l’anonymat dans la musique électronique. Les DJ’s du collectif offrent des prestations incognitos, vêtus de noir, les visages dissimulés par des cagoules et des foulards. Les membres d’UR, issus des ghettos de Detroit, privilégient la musique à l’égo de l’artiste : ils performent masqués et refusent d’être photographiés. Par ses idées innovantes et contestataires, UR concrétise et érige une culture de l’anonymat qui grandira dans les années à venir.

90’s : avancer masqué… dans l’illégalité !

Dès lors, la musique électronique incarne des valeurs et des idéaux . Les 90’s sont l’apogée de cette culture underground porteuse de valeurs contestataires et marginales. C’est avec la naissance des rave parties que la culture du masque et de l’anonymat se répand. Ces fêtes mettent à l’honneur la musique et le dancefloor… en toute illégalité. Il n’est donc pas étonnant que bon nombre de DJ’s préservent et dissimulent leurs identités avec des cagoules ou des masques. Ils n’hésitaient pas à jouer cachés, personne ne savait qui ils étaient, seul le sound system était visible. Malgré leur anonymat, les DJ’s sont pourtant au cœur d’une culture en pleine expansion.

90’s : L’anonymat, la clef du succès ?

En parallèle à ce contexte illégal, des artistes masqués font leur apparition et démocratisent cette pratique auprès du grand public. Comment ne pas évoquer Daft Punk : duo français pionnier du port du masque lors de leurs performances live. C’est après le succès de leur premier album Homework (1997) que Daft Punk enfile le casque pour la toute première fois. Les deux personnages robotiques et avant-gardistes entretiennent le mystère et créent un univers qui les rendra célèbres mondialement. Bilan : 20 ans de carrière, un succès international, un univers iconique et unique grâce à leurs alter-ego robotiques.

Au même moment, le masque n’est pas le seul moyen de mettre la musique au centre des préoccupations. L’exemple de Bob Sinclar est révélateur : un même alias pour une multitude de DJ’s. En 1998, l’alias humoristique « Bob Sinclar » rassemble de nombreux DJ anonymes autour d’un même projet, effaçant l’identité de chacun au profit de la musique.

L’anonymat et le port du masque ont séduit les amateurs de musique en tous genres : dès lors, c’est un atout scénographique et marketing.

Aujourd’hui : pourquoi les DJ’s sont-ils masqués ?

L’apparition de DJ’s masqués est étrangement contradictoire. D’une part, des DJ’s qui s’en emparent pour soutenir des valeurs contestataires. D’autre part, des DJ’s en font leur marque de fabrique et amorcent une nouvelle tendance. Pourtant, une question se pose : ces artistes que tout oppose poursuivent-ils le même but ?

Les raisons pour lesquelles les DJ’s portent des masques sont nombreuses. Porteur de mystère et d’imaginaire, le masque est pour certains un choix artistique, esthétique ou marketing. Pour d’autres, performer masqué représente l’héritage tout naturel de la culture underground des années 90’s et permet de préserver l’anonymat. Parfois même, certains DJ’s portent un masque lors de leurs performances pour combattre leur timidité face au public.

En dépit de toutes ces raisons, qui restent finalement un choix de chaque artiste, tous ces DJ’s ont au moins 2 choses importantes en commun : privilégier la musique et faire leurs courses tranquillement.

La musique électronique stimule-t-elle plus le cerveau que les autres genres musicaux ?

Qui n’aime pas écouter de la musique ? Que ce soit dans les transports en communs, en voiture, à la maison ou en rue, tout est bon pour s’y changer les idées. Pour beaucoup de gens, la musique est vue comme apaisante et permet de s’évader.

Des études ont déjà certifié que la musique était bénéfique pour le cerveau. Elle peut, par exemple, apaiser un état de stress. La musique intervient aussi dans la sécrétion de dopamine, l’hormone du plaisir. En fonction du contexte, la musique peut jouer en faveur des effets neurophysiologiques, cardiovasculaires et respiratoires. La liste des bienfaits de la musique sur l’être humain est assez longue mais ce qu’il faut retenir c’est la faculté, lors d’une activité musicale, d’être plus résistant aux attaques cérébrales ou psychologiques. Mais qu’en est-il de la musique électronique ? Permet-elle de stimuler davantage le cerveau que dans les autres genres musicaux ?


image article Does electronic music stimulate the brain more than other musical genres?

La musique électronique est très vaste. Techno, house, deep-house, psytrance, acid, etc. Elle contient une richesse de genre et sous-genre permettant de varier les plaisirs. Les amateurs de cette musique ressentent souvent du bien-être associé aux effets psychomoteurs (la pensée ou les fonctions cérébrales). Mais pourquoi ?

Tout simplement parce que souvent dépourvue de paroles, on va se focaliser davantage sur les sons produits par la musique en elle-même comme les basses par exemple. Ces musiques ont la particularité d’être fréquemment répétitives, ce qui provoque un état de transe. Cet état second provoqué va libérer de la dopamine et nous rendra désireux de bouger.

Lorsque la musique a une connotation douce et calme avec peu d’instruments, l’adrénaline présente en nous aura comme impact de diminuer pour faire place à la relaxation. Par contre, lorsque le son est fort, intense comme avec la techno, notre taux d’adrénaline va monter en flèche. C’est pourquoi ce style musical donne souvent envie de danser, se dépenser car le corps est approvisionné en énergie via les stimuli positifs transmis au cerveau. Bien que souvent relié au monde de la nuit, il n’y a pas qu’en boîte de nuit ou en rave party qu’on puisse mettre à profit notre énergie. Certains écoutent de la musique électronique pour être plus performant au travail. Les basses bien lourdes et les différents plaisirs sonores donnent du tonus, nous encouragent à aller de l‘avant et améliore la productivité au travail.


music aide t-elle a ce concentrer

Il y a donc un double enjeu dans la musique électronique. Elle relaxe et stimule en même temps. Si cette combinaison est possible, c’est parce qu’il y a association entre des moments répétitifs, permettant d’être calme, qui vont être mélangés à des tensions, moments plus dynamiques où généralement le son deviendra plus fort, plus intense (qu’on appelle « drop » dans le jargon). Ainsi, le son fait figure de berceuse, permettant d’être transporté dans un autre monde délivré de toute crainte. Cet état de bien être remonte jusqu’à la communauté, chacun se trouve en symbiose avec la musique. Un peu à l’image des sociétés primitives lors de rites ancestraux, ce côté répétitif de la musique nous met dans un état second en quelque sorte.

Enfin, il y a la question des réelles drogues. Il n’est pas rare d’entendre la musique électronique associée à ce vice. Bien évidemment, la consommation peut accentuer des effets, rendre le sentiment de confort à un état extrême. Pourtant, il peut très bien jouer l’inverse en perturbant la sécrétion de neuromédiateurs (neurones agissant sur un autre neurone de manière chimique). En pratique, on peut être confronté à de la psychose ou des troubles de la mémoire. La musique est déjà une drogue en soi, il est donc tout à fait possible de se contenter simplement de cela et en puiser tous les bienfaits nécessaires.

Il y a en définitive un caractère psychologique fort que reflète la musique électronique. Tout comme la méditation, la musique électronique dans sa manière à la possibilité de stimuler le cerveau via les ondes positives qui y sont influées. Comme les chants tibétains spirituels, la musique électronique joue un rôle de protecteur. Y atteindre un état de pleine conscience est l’objectif en allant chercher la libération spirituelle, cet état de bien être absolu.


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