Le port du masque dans la musique électronique

A l’heure où nous avançons tous masqués, l’équipe de Futurgrooves a voulu se pencher sur la question du port du masque… dans la musique électronique. Le masque est à l’origine de la culture de l’anonymat au service de la musique. Du collectif Underground Resistance de Detroit à Daft Punk, pourquoi certains artistes de la musique électronique privilégient le port du masque ?  

70’s & 80’s : la naissance d’une culture

Faisons un bond dans le passé, à l’heure où l’exploitation de l’image des superstars du rock tels que Queen ou Kiss est à son apogée. Retour dans les 70’s et 80’s : époque où la frénésie du star-system frôle l’indécence, où la scénarisation exubérante est reine. Au loin, une musique aux rythmes froids, saccadés et répétitifs se fait entendre… c’est la musique électronique !

Ce nouveau genre musical émerge en réponse aux abus de la machinerie du star-système : c’est la naissance d’une nouvelle culture qui remet la musique au centre de l’attention. En opposition à la « super-scénarisation » des groupes de Rock’n Roll, la musique électronique replace l’artiste au même niveau que le public, les DJ’s et le dancefloor ne font plus qu’un : c’est le début d’une nouvelle ère de la performance musicale, dont le masque sera bientôt un symbole.

Fin des 80’s : le masque au service de la musique

En une décennie, la culture électronique se démarque car elle se focalise sur la musique, et non sur l’artiste. C’est le collectif et label Underground Resistance (UR), fondé à la fin des années 80, qui introduit la culture de l’anonymat dans la musique électronique. Les DJ’s du collectif offrent des prestations incognitos, vêtus de noir, les visages dissimulés par des cagoules et des foulards. Les membres d’UR, issus des ghettos de Detroit, privilégient la musique à l’égo de l’artiste : ils performent masqués et refusent d’être photographiés. Par ses idées innovantes et contestataires, UR concrétise et érige une culture de l’anonymat qui grandira dans les années à venir.

90’s : avancer masqué… dans l’illégalité !

Dès lors, la musique électronique incarne des valeurs et des idéaux . Les 90’s sont l’apogée de cette culture underground porteuse de valeurs contestataires et marginales. C’est avec la naissance des rave parties que la culture du masque et de l’anonymat se répand. Ces fêtes mettent à l’honneur la musique et le dancefloor… en toute illégalité. Il n’est donc pas étonnant que bon nombre de DJ’s préservent et dissimulent leurs identités avec des cagoules ou des masques. Ils n’hésitaient pas à jouer cachés, personne ne savait qui ils étaient, seul le sound system était visible. Malgré leur anonymat, les DJ’s sont pourtant au cœur d’une culture en pleine expansion.

90’s : L’anonymat, la clef du succès ?

En parallèle à ce contexte illégal, des artistes masqués font leur apparition et démocratisent cette pratique auprès du grand public. Comment ne pas évoquer Daft Punk : duo français pionnier du port du masque lors de leurs performances live. C’est après le succès de leur premier album Homework (1997) que Daft Punk enfile le casque pour la toute première fois. Les deux personnages robotiques et avant-gardistes entretiennent le mystère et créent un univers qui les rendra célèbres mondialement. Bilan : 20 ans de carrière, un succès international, un univers iconique et unique grâce à leurs alter-ego robotiques.

Au même moment, le masque n’est pas le seul moyen de mettre la musique au centre des préoccupations. L’exemple de Bob Sinclar est révélateur : un même alias pour une multitude de DJ’s. En 1998, l’alias humoristique « Bob Sinclar » rassemble de nombreux DJ anonymes autour d’un même projet, effaçant l’identité de chacun au profit de la musique.

L’anonymat et le port du masque ont séduit les amateurs de musique en tous genres : dès lors, c’est un atout scénographique et marketing.

Aujourd’hui : pourquoi les DJ’s sont-ils masqués ?

L’apparition de DJ’s masqués est étrangement contradictoire. D’une part, des DJ’s qui s’en emparent pour soutenir des valeurs contestataires. D’autre part, des DJ’s en font leur marque de fabrique et amorcent une nouvelle tendance. Pourtant, une question se pose : ces artistes que tout oppose poursuivent-ils le même but ?

Les raisons pour lesquelles les DJ’s portent des masques sont nombreuses. Porteur de mystère et d’imaginaire, le masque est pour certains un choix artistique, esthétique ou marketing. Pour d’autres, performer masqué représente l’héritage tout naturel de la culture underground des années 90’s et permet de préserver l’anonymat. Parfois même, certains DJ’s portent un masque lors de leurs performances pour combattre leur timidité face au public.

En dépit de toutes ces raisons, qui restent finalement un choix de chaque artiste, tous ces DJ’s ont au moins 2 choses importantes en commun : privilégier la musique et faire leurs courses tranquillement.

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