Aleksander Vinter, alias Savant, est un artiste électro qui sort de l’ordinaire. Né à Oslo en Norvège, il est autiste Asperger. Surtout, c’est un des artistes les plus prolifiques que l’on puisse trouver. Depuis ses débuts en 2009, il a sorti trente-quatre albums, vingt EPs, deux-cent-six singles, dix-neuf mixtapes. Une discographie interminable et éclectique qui explore la grande majorité des genres de l’électro. Selon ses dires, il aurait composé plus de 11.000 morceaux depuis son adolescence.

Savant, le syndrome derrière le nom de scène
Aleksander Vinter souffre du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Il n’a jamais caché son handicap et en parle ouvertement en interview.
« Mon enfance était vraiment spéciale. Je suis autiste et je suis vraiment comme … un nuage. Pour moi, je ne suis pas un artiste, mais plutôt une caméra qui flotte dans l’air et qui passe son temps à observer tout et n’importe quoi.
Je ne me souciais pas des gens, moi j’avais juste envie de m’amuser avec mes jouets, de faire de la musique, de jouer du synthé, de m’enregistrer sur des cassettes et ça depuis l’âge de quatre ans. »
Il a également été diagnostiqué par des médecins comme ayant le syndrome du Savant. Il s’agit d’une affection rare pouvant toucher certaines personnes présentant des troubles autistiques, qui développent un domaine de compétence et d’excellence qui contraste avec les limitations dues à leur handicap. Aleksander Vinter a découvert qu’il était atteint étant petit, après avoir passé plusieurs semaines en observation à l’hôpital. Il a passé des tests, plusieurs scanners, pour laisser les médecins étudier son cerveau. Cette différence se matérialise, d’après ses mots, dans la manière dont il perçoit l’art. « Ce sont comme des formes qui prennent sens pour moi ».
Il décrit la découverte de ce syndrome comme une révélation. Il décide d’accepter sa différence et de se jeter corps et âme dans ce qui le passionne, la musique. Il fait de sa différence une force et adopte le nom de son syndrome comme nom de scène : « Savant ».
Un artiste à la discographie hétéroclite
Chanteur, joueur de guitare, piano et tant d’autres instruments, Aleksander Vinter est un musicien accompli. Il se dit influencé par toute une variété de genres, du jazz au blues en passant par les musiques de jeux-vidéo et la musique 8-bit. Cette variété d’influences se ressent très clairement lorsqu’on parcourt sa discographie.
Chaque album présente une thématique très marquée qui transporte sa musique dans un univers très précis. Slasher (2018) renvoie à l’âge d’or du cinéma d’horreur des années 70’, ZION (2014) fait la part belle à des influences orientales, Protos (2014) s’écoute comme un space-opéra à part entière. Cult (2013), aux mélodies grandiloquentes, fait penser à de la musique d’église – à la sauce Savant, et Alchemist (2012) est une petite perle mélangeant, de ses propres mots, la musique classique, le cirque et les chansons de pirates. Un cocktail intrigant qui reste pourtant l’un de ses albums les plus populaires encore aujourd’hui. On retrouve tout de même souvent à travers sa discographie les éléments qui font la patte Savant, à savoir des riffs de guitare et des envolées 8-bits qui s’entremêlent aux influences uniques de chaque album.

Pochettes d’album de Protos (2014), Cult (2013) and Alchemist (2012)
Loin d’être anonyme, Aleksander Vinter se présente souvent masqué lorsqu’il performe en live. Figurant souvent sur les pochettes de ses albums, en dessin, Savant est un personnage extravagant et haut en couleur. Il porte régulièrement un masque de Guy Fawkes, une référence au film V for Vendetta.
Aleksander Vinter est un artiste unique en son genre. Sa discographie est aussi éclectique que démesurée. Chaque album est une invitation au voyage, dans un univers différent à chaque fois. C’est aussi un personnage extraordinaire, extravagant, un véritable passionné de musique qui a su faire de son handicap une véritable force.
credits: Léo Marchandon